Elle aimait signer Elyse Croix
J'AURAIS TANT VOULU
J'aurais tant voulu, un soir
Ou était-ce un matin
Partir dans d'obscurs chemins
Te rencontrer, toi, ma destinée
Me laisser guider par ta main
Et brusquement, au détour
Il aurait été là, lui, mon amour
Se puisse-t-il qu'on rêve d'errer longtemps
Le ventre vide, le coeur lourd, et que brusquement
A la croisée des chemins, une lourde croix
Et un tout petit Christ vous parle d'une triste voix
Serait-ce là ma destinée
L'adieu à mes jeunes années
Oh mon coeur!
Aucun amour n'a frappé à la porte
Alors qu'importe
Poursuis ce dur chemin de peine et d'amertume
Garde-toi de la lancinante rancune
Entends le chant de l'alouette
Regarde l'humble herbe verte
Et dis-toi tout au fond de toi
Si je devais ne plus voir tout cela…
POURQUOI?
Pourquoi mon petit frère
Pourquoi tant de pourquoi
Tu me mets en colère
avec tous tes pourquoi
Pourquoi le chat ronronne
Pourquoi Maman fâchée
Pourquoi les grandes personnes
Sont-elles si pressées?
Pourquoi l'herbe fauchée
Pourquoi quand l'heure sonne
Paul est-il esseulé
Moi je ne sais pas
Moi je ne sais pas, hélas,
Répondre à tes pourquoi!
[Publié dans le journal belge Le Soir]
PARDON
Je n'ai pas su prier dans une église
Mais, comme j'ai cru en toi
Devant un coucher de soleil!
MONTAGNE AU BUIS
Montagne au buis
Une vierge vous y accueille
Un vieux banc vermoulu
Y sert de reposoir
J'y vais parfois m'asseoir
Parmi les chèvrefeuilles
Puis plus loin, au franc bois,
J'erre à perdre haleine
Respirant lentement les effluves amers
Des vieux buis d'autrefois
A moins que ce ne soit
L'odeur douce des marjolaines
Un peintre, par là-haut, a bâti sa seconde maison
Elle est pimpante et fraîche et couleur d'horizon
A mes petites filles, j' ai conté bien souvent
Qu'on y voit Blanche-Neige, et ses nutons charmants
Ainsi…passent les ans pour un pêcheur de lune
Une marche en plein bois est un instant béni
Ami, reviendras-tu jamais à la montagne au buis?
NOCES D’OR JANVIER 1973
SOIR DE VIE ou NOCES D'OR
Les édiles communaux sont repartis
Nos petites filles, nos grands enfants aussi,
Nous voici, seuls, avec la fragilité de nos vies
La lampe auréole le plafond blanc
Le doux silence entoure les choses
Bien sûr, le temps a nacré nos tempes d'argent
Toi et moi sommes des êtres de chair, de sang
Ensemble, nous avons parcouru cinquante ans
Cette vie est comme une cathédrale
Que le temps a tenu droite, élevée,
Tout s'est bien passé, tu es contente?
Ai-je besoin de mots alors que d'un regard
Nous nous comprenons depuis tant d'années complices
Et que tous deux nous avons si fort la pudeur des mots
VIEUX MURS
Se pourrait-il que je vous quitte
Vous mes vieux murs chers, si chers
Chers à mon âme, chers à mes doux souvenirs,
Chers à mes longs soirs de doute,
Où mes yeux errants cherchaient
Sur des dessins rouillés une réponse
A des pensées désespérées, à des
Questions lourdes de pourquoi insolubles
Oh! Mes vieux murs…Ces taches brunes
Au plafond clair qui, comme des ombres aimées,
Comprenaient mes plus obscures pensées
S'il faut que je vous sonne à jamais
Un adieu lourd et triste
Souffrez qu'avant cet instant-là
Qui comme tant d'autres comptera
Une seul et unique fois je pose
Mes lèvres sur des murs
Mes yeux sur de tristes ombres
Et que je parte vers je ne sais quel
Départ ou quelle fin
Mais que je parte déchirée et désespérée
Mais décidée à partir vers d'autres lendemains
A MARIEMBOURG
A Mariembourg
Il y a toujours un Bon-papa
Qui nous attend
Et une mère-grand qui en fait autant
Le jardin sent le miel et la maison, la confiture
Regarde là-haut, il y a un oiseau
Regarde là-bas, il y a un toit
Regarde notre maison
Comme il y fait bon.
EN BELGIQUE
En Belgique, on mange des frites
En Hollande aussi
Mais devinez quand?
Une fois par an!
RÉVOLTE
Pourquoi faut-il que ce soit moi
Dans ce qu'on nomme poumon d'acier?
Horreur! Je veux sentir
L'herbe verte, le thym, l'automne roux!
Je veux revoir les nuages passer
Et repasser dans le ciel de l'été
Je veux boire à nouveau le cidre doux
Le vin vieux, la menthe, le vin fou
Je veux manger le pain du paysan
Le beurre d'or, les fraises tendres,
Les pommes de terre sous la cendre
Je veux vivre, vivre, vivre!
Ô Dieu, où que tu soies
Entends ma voix
Dans ce poumon d'acier!
TEMPS MODERNES
Mal au coeur? On va t'en greffer un autre
Aveugle?
Tu verras avec les yeux d'un autre
Mains mutilées? Prothèses articulées
Sourd? Voici pour toi l'écho de mille voix
Amoureuse? Malheureuse…
On ne peut rien pour ton chagrin.
[Dans Recueil anthologique, Lucien Lecocq, Sociétaire des poètes français, 1970]
PLUS VITE
Lis plus vite
Mange plus vite
Va plus vite
Cours plus vite
Conduis plus vite
Tue-toi bien vite!
[Dans la Revue Temps Modernes]
VOUS
Le coeur que tant j'aimais
Vous me l'avez volé!
Le bonheur que j'avais
Vous me l'avez volé!
Ce "tu" de lui à moi
Vous me l'avez volé!
La foi dans mes yeux clairs
Vous me l'avez v-o-l-é-e!
Le rire en ma maison
Vous me l'avez volé!
Pourquoi?
Pour essayer des ongles déjà si acérés
Pour pouvoir rire après…
Mais un petit enfant est né
Et je vous ai tout Pardonné!
[Dans la Revue Terre Wallonne et dans La Revue moderne, Paris]
NE DEMEURE JAMAIS
Ne demeure jamais
En proie aux affres de ton être
Ne demeure jamais
Seule à tourner en rond
Dans les arcanes de ton être
Songe parfois
Qu'il y a là - autour de toi -
D'autres êtres qui te ressemblent
Qui ont même sang, même chair,
Et même angoisse dans leur âme
Ecoute la chanson profonde et l'écho
De tous les coeurs du monde
AVANT DE REFERMER
Avant de refermer
Le lourd couvercle de chêne
Entre mes mains, pose
Simplement…une rose
Choisis-la toute blanche
Comme ma vie
Que sa tige soit droite
Comme mes actes
Que sa tige soit droite
Et qu'importent les épines:
Il y en eut tant et tant
Au fil des jours, Au long des ans
Tu auras peur sans doute
De mes yeux clos
De mes mains froides
De mes joues blêmes
Pose un dernier baiser
Sur cette blanche rose
Qui vivra près de moi, enclose,
Et me dira
Mille fois ton tout dernier message
Et la dernière page de notre vie
Choisis la toute blanche
Et pure, et droite, et FIÈRE!
Mariembourg, septembre 1972
[Dans la Revue Les poètes de France, 1973]
CHANTE-MOI
Chante-moi dans le matin qui s'étonne
Chante-moi dans le midi qui m'auréole
Chante-moi dans la vesprée qui s'enamoure
Chante-moi encore dans le soir
Chante-moi dans le brin d'herbe frêle
Chante-moi dans le vent, dans le ciel
Dans le ver noir qui rampe sous tes pas
Chante-moi plus encore dans mes tristes colères
Chante, chante, chante-moi, tant que tu as une voix
récité à la Radio RTBF en 1987 par Bérangère Pascal
Le dernier quatrain primé au Concours Quatrain RTBF
[Dans : Des poètes chantent la nature, recueil anthologique, Lucien P. Lecocq, 1969]
LA MITE
Dans la rose layette, au creux du point savant
Se pavane la mite d'argent
Se fait un nid sans bruit
Lentement, lentement
Et mange de temps en temps
Un tout petit morceau de laine rose
Puis se repose
Mais que va dire la Maman?
[Dans: Nos amies les bêtes et leurs poètes, Jean Richard et Lucien P. Lecocq, 1967]
LES DENTS DU TEMPS
Et lorsque tu viendras
Ne fais pas trop de bruit
La maison sera quiète
Et le chat endormi
Tu me trouveras, là, sereine et sans peurs
Et je regarderai au vieux cadran de chêne
Ma toute dernière heure
(Novembre 1978)
MA CENDRILLON
Ce poème a été lu par Martine lors de l'enterrement de Maman le
25 juillet 2002
Ma cendrillon n' est pas allée au bal
Elle est restée, à rêver, près de la cendre
Dehors sifflait le vent de novembre
Puis, on a frappé à la porte
Elle a lentement ouvert l'huis
Qu'il fait donc froid aujourd'hui!
C'était le fils du jardinier
Avec un bouquet d'anémones
Mais oui…d'anémones
Cendrillon a souri aux pâles fleurs sauvages
A souri au pur et franc visage
Et tous deux ont bavardé près du feu
Et douze coups ont sonné
Et la porte s'est refermée
Sur le garçon qui emportait à jamais
La promesse d'un coeur aussi pur que le sien
Et dans la tête de ma Cendrillon
Le bal du bonheur tournait, tournait, tournait…
[Dans: Des poètes chantent l'amour, Revue moderne 1968]
[Traduit en néerlandais par Martien van Buuren:
Mijn Assepoester
Mijn Assepoester is niet naar het bal gegaan...
Zij is thuis gebleven om te dromen, dicht bij het vuur.
Buiten gierde de novemberwind.
Dan heeft er iemand op de deur geklopt...
Zij heeft langzaam de deur van het slot gedaan.
Wat was het toch koud vandaag!
Het was de zoon van de hovenier
Met een bosje anemonen.
Ja heus, echte anemonen.
Assepoester heeft geglimlacht tegen die bleke bloem uit het wild,
Heeft gelachen naar dat zuivere open gezicht.
En samen hebben ze zitten babbelen bij het vuur.
En de twaalf slagen hebben weerklonken.
En de deur is weer dichtgegaan
Achter de jongeman, die voor altijd de belofte
meedraagt van een hart zo zuiver als het zijne.
En in het hoofd van mijn Asspoester
Is het bal van geluk voor altijd blijven wervelen,
rond en rond en rond]
L'ENFANT DEVANT LA MER
Mon petit enfant blond
Court sur la plage blonde
Et y rencontre l'onde
Et de tendre ses bras nus
Et de crier vers le ciel
Devant la mer immense
Il fait mille et un bonds
Mon petit enfant blond
Et son corps nu se dore…
Mon petit enfant devant la mer
Est le plus heureux des enfants du monde
Comment ne pas songer
Aux autres enfants blonds
Dans des taudis immondes
Regardant le jour gris
Derrière des vitre sales
Et attendant longtemps, longtemps
On ne sait quelle joie
Avec des yeux perdus
Des yeux de petits vieux
Que peut-on faire
Pour que tous les enfants du monde
Jouent sur le sable fin
Au bord de l'onde?
[Dans : Nos poètes en vacances, Revue moderne, 1966
Poesia Italiana, Année de l'enfant 1979
Mur de la poésie, Cul-des-Sarts, 1980
Mis en musique par Maurice Vaute]
JE L'AI DIT
Je l'ai dit au vent qui passait
Je l'ai dit au temps, à l'ouragan
Je l’ai dit à la douce pluie
Au soleil de juillet
Qui fait tomber coquelicots et bleuets
Je l'ai dit au printemps lui-même
Que je t'aime, que je t'aime!'
ARIETTE
Eh quoi! Petite fille au yeux si doux
Tu n'avais pas compris mon coeur hélas jaloux
Et quand dansaient José et Mariette
Tu n'avais pas compris que mon coeur
Pour toi fredonnait doucement une ariette
Vieille des ans, vieille des temps.
Une ariette pourtant du temps présent
Mais, loin de moi, tu dansais
A un autre toute livrée
Tu dansais sur une autre mélopée
Et de l'enfant sage que j'aimais
A jamais il ne resterait
En mon coeur - étouffée -
Qu' une ariette à jamais oubliée
TES CONSEILS
Tu m'as dit: ne patine pas
Tu te casseras un bras
Et je t'ai écoutée
Tu m'as dit: ne cours pas
Tu serais décoiffée
Et près de toi je suis restée
Tu m'as dit: ne va pas là
On y fait mal
Et je n'y suis pas allée
Ne lis pas cela, c'est mal
Et le livre est demeuré là
Tu m'as dit: n'aime jamais
On te déchirerait
Mais je suis déchirée!
LE TRICOT
Mère, pose là ton tricot
Ecoute-moi
Je veux t'emmener loin
Vers Naples la jolie
Ou Florence la coquette
Que dirais-tu de Narbonne
Ou de Carcassonne?
Ou d'Arles, toi, qui maintes fois
Me parla de cette fille si belle
Et qu'on ne voyait pas…
Viens, fuyons ces murs, cette cuisine
Où tu vis prisonnière d'une étrange routine
Viens loin, vers cette douce France
Où tu naquis et dont tu berças mon enfance
De tant de souvenirs
Va, je n'ai pas oublié le ciel bleu, la légion,
Saint-Cyr, l'Alsace…
Dis, allons voir le Cantal, le Berry, le Poitou,
l'Anjou, la Bretagne, le Béarn, la Provence
Tous ces noms qui chantent et enchantent
Mère, pose ton tricot
Ma voiture t'attend
Viens donc voir le printemps
Sur une longue route
Allons boire en Champagne
Le vin pétillant!
Viens, fuyons cette cuisine fraîche
Et voyons le soleil
Dorer Nice la belle
Ou Marseille
Viens, mère, filons, voici le soir
Mais ma mère rêvait et continuait son tricot!
(Mons, 1960)
[Dans: Revue franco-dialectale Terre wallonne]
TU NE SAVAIS…
Petite fiancée, pouvais-tu deviner
Que ta foi, ta confiance, ton amour
Un jour seraient brisés
Qu'il te suffirait d'un miroir pour voir
Qu'on se moquait de ton âme désarmée
Que les coquettes font leurs armes
Sur les pères, les amants, les époux
Et d'un sourire brisent tout!
Mons 1967
LA LIONNE
Dans sa prunelle rouge, un océan de sang
Toute l'horreur de ces barreaux affreux
Un mal rongeant, atroce, lancinant
L'immense horreur d'un vaste creux
Etendre longuement son long corps pesant
Ses fauves poils rayés, tachés, électrisés
Être un long corps étrange et mouvant
Avoir dans le regard le regret de tant d'élans brisés
Toutes griffes dehors, avec son flanc qui tremble
La prunelle agonise et sa crinière démente
La lionne éparse alors ressemble
A toute la haine du monde et en crève
Mons 1959
PRIÈRE
Les cierges de mon adolescence
Dans l'église de mes jeunes années
Lentement se sont consumés
La divine espérance, fulgurante,
Qui accompagnait mes avés
Et ton nom, sur des arbres gravé
Tout s'en est allé
Par des chemins rocailleux
Sur mon coeur malheureux
Croire! Si je pouvais croire encore
Revoir les lilas, les soleils d'or,
Confiance, reviens-moi, avec ta robe de lune
Efface, je t'en prie, mille souvenirs maudits
Que la page d'elle-même se tourne
Et que tout recommence
Mons 1957
SILENCE DES VOIX PERDUES
Océan multiforme
Agonie des cabillauds
Plus de morues
Ouïes anémiques
Flans désargentés
Yeux agonisants
Plus de frai
Gouttelettes de mort
Aux néants des vagues
Germes perfides
Sel corrompu
Oh! Mon amie la mer
Où t'en vas-tu?
Mons 1956
CONJUGAISON
Autrefois, j'aimais le futur
L'avenir, les promesses
Me comblaient d'allégresse
Tout avait couleur d'azur
Vint le temps des amours
Et l'espoir des lendemains pleins de tendresse
Au midi de mes jours
Souvent je m'en suis retournée
Vers mes jeunes années
Et ai souvent revu
L'enfant tendre et passionnée
Qui courait par les prés enchantés
Vieille à présent…
Chaque jour a prix d'or
Et c'est intensément que je dévore
Le temps présent!
( Mariembourg 1979)
Lu par Mme Tichon en 1985 et en 1989 à l’occasion de noces d'or.
LE PETIT VIEUX
Le petit vieux
Porte son triste dos voûté
Au long des tristes rues
Depuis bien des années
Le petit vieux
A pas comptés
Compte chaque pavé
Tout le long des années
Le petit vieux
Va son chemin dans la brume
Son long et dur chemin
De pain et d'amertume
Et petit vieux est mort
Sans avoir vu mourir le soleil
Sur un autre décor
Que ce chemin toujours pareil
Le petit vieux est mort
Sans jamais reposer
Ses membres fatigués
Sur une plage d'or
De loisirs, de vacances
Il ne doit les attendre
Que dans cet au-delà
Où il s'en va là-bas
Que j'ai donc du remord
Pour tous les petits vieux morts
Sans avoir connu de vacances au soleil!
[Dans : la Revue franco-dialectale Terre wallonne]
QUE VIENT FAIRE?
Que vient faire chez moi
La secte des insectes?
Je les croyais perdus
Les voici revenus
Les hannetons et les bourdons
Et les voici même dans ma maison
Que cherchent-ils chez moi?
Je les aime, moi!
Qu'y a-t-il de plus joli qu'une aile de bourdon
Mais toi tu dis, "Et leur vol, le vol du bourdon?"
Mais vois…ils volent dans notre maison
Alors qu'allons-nous faire
Pour nous en défaire?
LE HIBOU
Coucou c'est moi le hibou
Je suis de ceux qui prennent un X
Quand ils sont deux
LES VIOLETTES DE FRANCINE
Francine a rapporté à Mamy
Un gros bouquet de violettes
Longtemps elle a respiré les fleurettes
Et je voyais, je voyais, le coeur de mamy
Tout réjoui
Et celui de Francine aussi
BEBE ROSE
Que faut-il à un bébé rose?
Bien peu de choses
Du lait, de la layette
Et de la tendresse…
Mais alors, vraiment beaucoup de tendresse
PAPA
Les cheveux de Papa sont noirs
Comme ses beaux yeux
Moi, je vois bien qu'il est heureux
De nous revoir
Quand, fatigué, il rentre le soir
VENDREDI
C'est vendredi
On va manger du riz
Avec du poisson
Tu aimes, toi, le poisson
Avec du citron, parfois, c'est bon
SOURIS GRISETTE
La souris grisette
Toute seulette
Fait la trempette
Mais dans quoi?
Dans un bol de chocolat!
IL Y A…
Il y a Papa qui dort
Il y a ma petite soeur qui pleure
Il y a Mamy qui lit
Et moi…Je ris!
LE GRENIER
En Hollande, il n'y a pas de grenier
C'est bien triste…
Mais pas pour nous
Car en Belgique, chez Bonne-Maman, il y en a un très grand
Nous, nous sommes trois petites filles
Nous sommes trois soeurs bien gentilles,
Vive notre belle famille!
JOAN
Joan était mon ami
On lui a donné un joli fusil
Depuis je ne l'aime plus
Ce n'est plus mon ami
IL Y A…
Sur le balcon, il y a un rhododendron
Il y a aussi près de lui un pissenlit fleuri
Mamy a dit: Comme c'est joli, un pissenlit!
ISABELLE
Isabelle a dans les cheveux un joli noeud
Dans les cheveux de Maman, il y a un ruban
Mais…Dans les cheveux de Papa
Il y a…Rien du tout
Et c'est joli comme tout
QUAND ON CHERCHE
Dans la mauve bruyère
Il y a ma grand-mère
Elle cherche…je ne sais quoi
Mais elle le trouvera
NEVER MORE
Il ne posera plus sur mes genoux sa tête
Je ne lirai plus dans ses yeux
Son plaisir de me voir
Il n'écoutera plus le temps qui ne s'arrête
Il ne frôlera plus les murs gris le soir
Never More!
Je l'aimais depuis seize années
Il était seul, malheureux comme moi
Sans famille, sans ami, sans argent
Je l'installai dans mon logis
Et jamais plus il ne fut solitaire
Jamais plus je ne fus sans ami
Je l'avais appelé Never More
Mais - mon chien - est mort
Mariembourg 1976
LE COBAYE
Oh non! On n'en mange point
On le garde
Pour d'autres ripailles
Pour d'étranges sonnailles
On lui injecte d'obscures mixtures
En blouse blanche
En gants de coton frais
On le palpe, on le repalpe
On cherche, on cherche
Et le cobaye
Ne sait dire ce qui l'effraye
Rien faire pour leur dire ce qui les attend,
Eux, demain,
Et qu'il sent si bien
Mariembourg 1963
LE CHIEN DE GARDE
Je suis le chien de garde
Alors, solidement, on me garde attaché
Tombent la pluie, et la grêle et la neige
Dans la boue glissent mes pattes inutiles
Je suis le chien de garde solidement enchaîné
Et de jour, et de nuit, je fais ce rêve stérile
"Croquer tout l'or du fermier"
Vu un chien enchaîné à Crespin, Nord France, décembre 1955
IL NE TE L'A PAS DIT
Il ne te l'a pas dit, le brin d'herbe joli
Il ne te l'a pas dit, le merle
Qui de tout se moque et soliloque
Il ne te l'a pas dit
Le muguet aux clochettes si blanchettes
Il ne te l'a pas dit, l'océan si vibrant
Il ne te l'a pas dit, le jour
Qui depuis tant de jours
Rime avec amour
Alors rien ne te l'a dit
Alors à quoi bon
Vivre des jours si longs, si longs
Si rien ne t'a dit…Que je t'aime
URSULE
Ursule, la libellule
A mis sa robe de tulle
Et court danser dans le crépuscule
Elle a dansé tant de rigodons
Avec de joyeux papillons
Qu'elle est rentrée toute fripée
Avec une aile déchirée
Mais Bon-Papa, croyez-vous ça?
L'a réparée avec de la gutta-perscha
Et demoiselle, de nouveau belle, s'envola
Et affamée ne fit qu'une bouchée
D'un papillon qui passait par là
LE HANNETON
Cousin Léon, le hanneton
A mis son joli pantalon
Pour danser le rigodon
L'ESCARGOT
Son tout petit derrière
Laisse une queue d'argent
Ce nigaud d'escargot
Va vers l'eau
Lentement, lentement,
Et le chercheur
N'a qu'à suivre
Sa trace d'argent
LE BOURDON
Un gros bourdon est entré dans la maison
Et a mis tout à son diapason
L'accordéon et le violon
Mais il a fait fuir Tante Suzon
A cause de son violent zon zon zon
COUSINE ARMELLE
Cousine Armelle
A vu tomber une sauterelle
Dans son vermicelle
Délicatement elle l'a ôtée
Et voilà que la sauterelle
S'est mise à chanter
Vive la liberté!
L'ALLUMETTE
L'allumette, joliette,
A mis son training rouge
Et son capuchon jaune
Je veux bien la regarder
Mais je ne peux pas
Vraiment pas, y toucher
LA CAPUCINE
La capucine a grimpé jusqu'à la cuisine
Où Tante Valentine
Prépare lentement une sauce mousseline
Bonjour Valentine,
File! Tu vas me faire rater ma sauce mousseline!
PAPA
Les cheveux de Papa sont noirs
Comme ses beaux yeux
Moi, je vois bien qu'il est heureux
De nous revoir
Quand, fatigué, il rentre le soir
TANTE ALZIRE
Tante Alzire ne sait pas rire
Pas même sourire
Alors, la pauvre tante Alzire
Elle soupire, soupire, soupire
IL ETAIT UNE FOIS
Il était une fois un petit pois
Il se dit: Ma foi…si…
Si je m'enfonce une bonne fois
L'an prochain, j'aurai deux cents enfants « petits pois »!
Et voilà, c'est ce qui arriva!
QUELLE MOUCHE?
Quelle mouche me pique
Dit le moustique!
Bernique! Ce n'est qu'un tique
GRAND-PÈRE
Grand-Père est fâché, fâché, fâché
Pour une queue de cerise
A dit Bonne-Maman Elise
LA MONTRE
Et voilà, patatras!
Ma montre est bloquée
Je l'ai trop fort remontée
Maman est fâchée
Mais, sans heure, ça va quand même
Et patatras…
ENFANTILLAGES
Au bois dormant
La belle Isabelle
Trébucha sur une branche de lilas
Et c'est pourquoi
Tout le bois se réveilla
LA SCABIEUSE
La scabieuse
Pleurnicheuse
N'est vraiment pas heureuse
Mais ainsi sont les pleurnicheuses
DAME ROSE
Dame rose
A de la couperose
Le remède le voilà
C'est du thé d'althéa
Oui mais qui le lui préparera?
LE PETIT CHAT
Le petit chat qui vient parfois chez bonne-maman
Est noir et blanc
Il n'est à personne, à manger on lui donne,
On le laisse entrer et à son aise ronronner
Bon-Papa dit qu'il ressemble à Charlot
A cause de ses taches et de sa moustache
Moi je voudrais tant qu'on le garde tout le temps
Ce petit chat noir et blanc
AU BORD DU LIT
Sur le rebord de mon lit
Il y a une petite souris
Elle lave minutieusement
Son museau gris et blanc
Avec sa langue rose
Il me semble qu'elle me regarde
Moi, je n'ose même pas respirer
Car elle pourrait s'en aller
DANS LE NEZ
Dans le nez d'un baudet
Il y avait un petit dé
Qui cousait, qui cousait,
Un édredon pour le cousin Léon
DANS MA POCHE
Dans ma poche
Il y a une croche
Dans la poche d'Anatole
Il y a un bémol
Dans la poche d'Yvette
Il y a une épinette
Et dans la poche de Martine
Il y a…devinez quoi?
Il y a cette comptine
VIOLETTE
Elle avait un jardin joli, tout petit,
Tour à tour y poussaient la primevère
Et la rose trémière
Et un petit carré de violettes odorantes
On la disait peu causante
On la disait très méchante
Et les enfants riaient par-dessus sa haie
Puis s'enfuyaient
Pauvre violette
Petite elle avait eu la face brûlée
Et grande elle avait la face ravagée
Et sur ses joues toujours coulaient
Deux larmes de sel
Eternellement brûlantes
Quiévrain 1939
JE FUS
Je fus cette enfant blonde
Qu'une dent d'or intriguait
Qu'une jonquille d'or attendrissait
A qui on parlait de louis d'or
Mais qui respirait à plein coeur l'haleine d'or
Des foins frais coupés
Je fus cette enfant blonde
Qui chevauchait en rêve un alezan doré
Parmi les renoncules d'or
Je fus celle qui regardait
L'astre d'or
Mourir lentement dans le ciel de l'été
Et qui priait…priait…
LA MUSIQUE
Tante Véronique aime tant la musique
Que chez elle - quelle histoire!
Ecoutez le tintamarre
Léon joue de l'accordéon
Lucien du clavecin
Isabelle du violoncelle
Isidore chante d'une voix de ténor
Gustave gratte de la guitare
Huguette joue de la clarinette
Gaston du basson
André du violon
Andromaque fait de la claque
Marco joue de l'alto
Valérie est à la batterie
Archibald aux cymbales
Adélaïde à l'ophicléide
Polycarpe à la harpe
Et ça fait…zique, zique,
Quand même de la musique!
(Mariembourg 1979)
LA ROSE
C'était un gentil page
De sa dame amoureux
Or la voyant morose
Ne trouva rien de mieux
Que de lui quérir une rose
Au parfum merveilleux
Sur le coeur de sa dame
La rose il posa
Mais ayant mal à l'âme
Rose point ne regarda
Gentil page alors pleura
Pleura tant qu'il mourut
Mais sur le coeur de la dame
Le parfum de la rose
Jamais ne disparut
POUR MICHÈLE
Tu avais ce jour-là une longue robe blanche
Que des mains de Maman avaient plissée avec amour
Tu avais ce jour-là tes yeux myosotis
Tes yeux de tous les jours
Mais ce jour-là un nuage de tulle léger les voilait
Tu avais ce jour-là une âme de communiante
Et ta prière confiante
Montait vers lui avec les chants de fête
Je t'écris ce poème pour que tu te souviennes
De l'enfant blonde aux yeux d'azur
Qui ce jour-là voilait de douces larmes
Un nuage de tulle blanc
LA JEUNE AVEUGLE
J'ai trouvé des bleuets
Dans le regard des vieilles
J'ai trouvé du tourment
Dans un regard d'enfant
J'ai trouvé un coeur bleu
Dans un champ de lavande
J'ai trouvé un coeur d'or
Dans un champ de blé mûr
J'ai trouvé blanche colombe
Dans le bruit terrible des canons
J'ai trouvé goût de miel
Au vent le plus sauvage
J'ai trouvé la beauté
Dans un ingrat visage
Et pourtant, pourtant, jamais je n'ai vu
Le vert d'un paysage
L'ALEZAN BLEU
Je galope à perdre haleine
Sur mon bel alezan bleu
par les plaines
L'aube s'éveille à peine
L'herbe scintille de mille perles bleues
Je me crois une fée
Mon alezan bleu
Je le tiens par sa crinière d'or
Ce n'est pas le jour encor
Mais nous sommes heureux, heureux
Comme on l'est en rêve
Moi et mon bel alezan bleu
LA BROUFFE
(nom de la rivière qui coule à Mariembourg)
Notre petite Brouffe
Qui veut faire mieux que la Meuse
Et qu'on la traite de m'as-tu vu
Non, non, elle a demandé à vivre heureuse
Près de Mariembourg, cette enjoleuse
Elle a voulu apporter aux doux pêcheurs
Des brochets longs comme une heure
Donner aux petits enfants
Les pâquerettes de ses flancs
Et voilà pourquoi
La petite Brouffe,
Elle n'a pas voulu!!!
KARABOULBA
était un noir très grand, très fort, cheveux crêpus comme il se doit, magnifiques dents blanches, tablier blanc à bretelles, Il faisait les marchés. Il vendait quoi? Du KARABOUIA. Qu'est-ce que c'est?
Une sorte de bonbon noir genre sucre candi
La recette était bien sûr le secret de son vendeur.
Il arrivait au marché de Quiévrain, le mardi matin, il ouvrait une grande valise bien usagée d'où il sortait une table, une nappe blanche, une grande 'pince' pour ne pas toucher de ses mains noires le précieux Karabouia.
Bien sûr, il étalait sa marchandise et des sacs en papier pointus, des cornets et de toutes ses forces il criait:
KARABOUIA
Ma! à Go…iii
KARABOUIA
Mal à Go…la-la
Et il en vendait. On venait de loin parfois. C'était, me dit Mère-Grand, délicieux. Moi, aujourd'hui, je rêve…
Que devait penser Karabouia chaque jour qui l'emmenait sur les marchés de Wallonie?
Dans le train à vapeur, il regardait le paysage pour moi si joli de notre beau pays et, sans doute, rêvait-il à sa lointaine Afrique
Les jours de vent, de neige, de pluie, de dure gelée
Voyait-il sa savane, les cases, le ciel si bleu, l'horizon immense, les éléphants, les tigres, les lions
A-t-il réuni avec son petit négoce assez d'argent pour retourner dans son pays natal?
Ou…est-il mort solitaire, dans une triste chambre où flottait , pénétrante, l'odeur du KARABOUIA dont il emportait le secret?
LE MARCHAND DE PÉTROLE
C'est une aventure arrivée à notre Grand-Mère lorsqu'elle avait six ans
Nous sommes ses sept petites filles
Florence, Isabelle, Marie, Valérie, Audrey, Virginie, Cécile
Nous lui avons fait raconter mille fois cette aventure
Mais elle nous amuse et nous émeut toujours
Notre Grand-Mère vivait à Quiévrain
Dans l'épicerie familiale, on vendait - hélas
mais il fallait bien - du pétrole pour se chauffer
Chaque semaine venait le marchand,
Un vieux cheval, une énorme récipient pour le pétrole
Mais surtout une énorme cloche avec une longue corde
Pour avertir bien sûr les acheteurs
Ah! Cette cloche, cette corde attirent irrésistiblement
Notre grand-mère et brusquement - elle doit avoir six ans -
Elle court et actionne la lourde cloche
Hélas, le vieux cheval surpris prend le mord aux dents
Et notre grand-mère n'arrive pas à abandonner la corde de la cloche…
Des voisins maintiennent le cheval et elle n'est pas blessée
Mais…son père, affolé à la pensée de ce qui aurait pu arriver
à sa fille chérie lui administre une fessée terrible puis…le soir…va la voir dans son petit lit et lui dit:
"Pardon, mais j'ai eu si peur!"
POUR TA FÊTE MAMAN
Je voudrais te dire Maman
Quelque chose d'important
J'oublie toujours de te le dire
Je n'en peux rien
Je ne suis qu'un petit gamin
Tu ne m'en veux pas, hein?
Tu le sais bien Maman
Que je t'aime!
Je ne suis pas toujours sage
Parfois je te fais de la peine
Surtout quand je te désobéis
Mais je ne suis qu'un petit gamin
Et tu le sais bien
Maman, Maman chérie
Que de tout mon coeur, je t'aime!
MAMAN
Te dire que je t'aime
Comme c'est difficile
Mais j'ai mon clair sourire
Mais j'ai mes bras d'enfant
Et mon regard doux et franc
Et aussi ce poème
Que j'ai fait simplement
Pour te dire doucement
Comme je t'aime,
Toi, ma Maman!
SILENCE
Tu me parles, ta voix si douce me berce comme une enfant,
J'écoute heureuse, sa musique d'amour.
Je ne réponds rien et tous les mots qui bouillonnent en moi ne vont point à mes lèvres…Je me tais. Silence. Silence de mon coeur.
Silence de mon coeur. C'est sa plus belle voix, la plus pure, étrange peut-être? Incapable d'exprimer tout ce que je ressens de pur, de profond.
Ne t'étonne pas de mon silence.
Si je me tais, c'est pour mieux jouir de cette douceur qui me pénètre, de cette confiance, de cette tendresse, de l'enchantement délicieux qu'est ta présence dans ma vie.
Si je me tais, c'est pour mieux t'aimer en moi-même pour penser d'avantage à toi, à tes jours à venir. pour mieux m'associer à tes espoirs, à tes rêves…
Et ma main serre la tienne…je suis là.
Parle encore et ne sois pas surpris si je me tais. Au fond, c'est lorsque je ne sais rien dire que mon amour atteint les cimes les plus élevées, il me dépasse, devient si total, si absolu que j'oublie tout. J'écoute
Dis: "Parle-moi" et ne sois pas surpris…Si je me tais…
(16 juillet 1937)
LE BILAN
Il cherchait l'âme soeur
Et un jour, sur son chemin, il croisa Gilberte
Jeune, belle, et un sourire…Quel sourire!
Bien sûr, à Valenciennes, il y avait des filles bien roulées
Mais Gilberte allait hanter ses jours…
Ils se promirent de s'aimer longtemps, longtemps,
Sans se douter que ce serait SOIXANTE ANS!
Soixante ans: quel poids de joies, de peine, de labeur
Maie elle se sait adorée
Ils savent que leur bonheur est vrai
Bravo! Ils ont bâti ensemble
Un foyer en béton!
Célestin-Gilberte, 60 ans de mariage.
IL SUFFIT DE SI PEU
A mon Papa
Il suffit de si peu…
La porte ouverte d'une maison
Un géranium rose qui sourit
Un mot, un rire,
Un son qui nous pénètre
Parfois une chanson
Un rideau que la brise soulève
L'odeur âcre d'un crépuscule violet
Une pierre sur un chemin
Un visage entrevu
Un silence voilé
Et l'on songe que…qui sait
Celui que nous pleurons
Est là, tout près de nous
A sentir, à rêver, à espérer
Parmi nous, pour nous
[Dans : Libelle]
IL NE TE L'A PAS DIT
Il ne te l'a pas dit
Le brin d'herbe joli
Il ne te l'a pas dit le merle
Qui de tout se moque
Et soliloque
Il ne te l'a pas dit
Le muguet aux clochettes
Si blanchettes
Il ne te l'a pas dit
L'océan…si vibrant
Il ne te l'a pas dit
Le jour
Qui depuis tant de jours
Rime avec amour
Alors rien ne te l'a dit
Alors à quoi bon
Vivre des jours si longs, si longs
Si rien ne te l'a dit
Que je t'aime.
COMPRENDRE
Je n'ai pas voulu entendre le pinson aveugle
Je n'ai pas voulu voir mourir le taureau noir
La carpe muette, le jeune faon
Je n'ai pas voulu voir fuir le renard que le piège mordait
Je n'ai pas voulu voir l'enfant près de son bol de riz vide
Mais je t'ai trouvée belle
En ton manteau de phoque écorché vif
Et un jour, brusquement, j'ai compris
Nature, tes terribles colères
DOMICILE CONJUGAL
Je viens de quitter toutes ces choses
Que j'aimais tant frôler
Les tapis douillets, la lampe rose,
Les tentures qui savaient garder secrètes
Nos mésententes, nos rancunes, nos plaies vives,
J'ai quitté le goût amer du pain des mauvais jours
Où coupable (peut-être?)
Je te cherchais laide querelle
Pleine de mots vilains
Avec ce ton dur qui active le levain
J'ai tout quitté.
Devant moi - route droite -
Et je vais vers un tout autre destin
Vers un tout autre amour
Et voici qu'en mon coeur
Se lève un regret, regret de tout
De toi surtout.
Je viens de quitter ces choses
Que j'aimais tant frôler.
LE CAMBRIOLEUR
Dans l'obscurité froide et nue
Les choses exhalent une odeur secrète
Le lit, lisse comme un linceul,
Les armoires jalouses, l'encrier vide comme la nuit
Il est entré, son profil tient à la fois
Du porc et du poisson
Il a déplié sur le lit une toile immonde
Et le voilà…Avec sa besogne de rat
Vlan! Le crucifix de bronze
Vlan! Le réveil haletant
Vlan! La coupe d'argent
Vlan! Les draps, les dentelles
Vlan! Enfin, la cassette et son or
Quatre noeuds, le nouet énorme
Ballotte sur le dos rachitique
"Remarquez, Madame, que je ne vous ai pas touchée"
Ce sont les seuls mots qu'entend la vierge blanche
Toute droite sur la cheminée
Où elle semble à jamais abandonnée
LE GRAND MAÎTRE
Toi qui sans cesse sur le passé te penche
Laisse couler entre tes doigts lentement
La poussière du temps
Cesse de songer à ce qui aurait pu être
Et qui n'a pas été
Le temps, vois-tu, sur chaque chose
Pose un manteau blanc couleur du temps
Estompe chaque peine
Tiédit toute rancoeur
Les plaies que l'on ne rouvre
D'elles-mêmes se cicatrisent
Et l'on retrouve un jour
La paix du coeur
Redoute les pensées qui brisent
Laisse venir vers toi…lentement l'apaisement
Que seul te donnera Le Temps
AURAIS-JE LE TEMPS
Aurais-je le temps
De te dire
De dire à nos enfants
Où j'ai mis…mes clefs?
NON, JE NE VEUX PAS
Non, je ne veux pas qu'on m'enterre sous la neige
Non, je ne veux pas que le prêtre secoue son surplis
Tout de neige raidi
Que la croix oblique que tiendra l'enfant de choeur
Soit plus lourde encore avec ses amas de blancheur
Aux bras de son Christ de cuivre
Non, non, je ne veux pas
Même si c'est dur de mourir au printemps
Je veux mourir en mai avec l'odeur des roses,
Des oeillets blancs, et qu'un pâle soleil
Réchauffe la terre jaune
Et surtout que les larmes sèchent vite
Aux joues de ceux que j'aurai tant aimés
N'est-ce qu'un au-revoir?
Seigneur, quand tu viendras, même s'il neige…
TOUT CE QUE JE TE DOIS, PAPA
Je te dois d'entendre le soir
Le rossignol sous la pluie
Je te dois mon regard franc
D'aimer le beau, le bien
D'aimer voir vivre les gens
De regarder les choses
De respecter mon maître
De savoir dire: J'ai tort
Lorsque je suis sûr(e) de n'avoir pas raison
Et de ne pas passer près d'une détresse
Que je peux consoler
C'ÉTAIT
C'était un garçon gentil
On lui a donné un fusil
C'est devenu un soldat
Qui se bat, qui fait la guerre,
Quelle misère!
Si on lui prend son fusil
Le garçon redevient gentil
Mais, alors, pourquoi fabrique-t-on des fusils
Et pourquoi? Pourquoi?
N'entend-on pas le cri
Des tout petits, des petits gentils
Tués par des fusils
LE MARCHÉ
Vois comme ils sont courageux
Les marchands du marché
Chaque matin, par tous les temps, même pluvieux,
Tôt levés, ils ont rangé sur leurs étals
Poissons, choux, volailles
Ce sont souvent des forts des halles
Et le marchand d'oiseaux
Fait répéter ses loriots
La poissonnière crie et quémande
Voyez les fraîches limandes
Et grand-mère Emerance
Achète, achète, les merveilleux produits
De notre douce France.
DEUIL
Mamy, je me souviens du jour
Où tu m'as dit: Je n'ai plus de Maman
Bonne-Maman venait de mourir
Et dans mon coeur d'enfant
Il y eut un instant
Un instant terrible
J'ai eu peur, Maman
Peur de te perdre
Maman, que jamais ne vienne le jour
Où ton petit enfant devra dire:
"Je n'ai plus de Maman".
LE PARAPLUIE
Un jour, tu es rentrée toute mouillée
Tes cheveux dégoulinaient
Tes bottes étaient trempées
Il m'a semblé, à moi,
Que toute ma marraine pleurait
Alors pour ta fête
J'ai bien réfléchi
Petite Marraine, je vais t'offrir
…Un parapluie!
CÉLESTIN
Mon nom est Célestin
J'ai le coeur sur la main
Je n'ai que des copains
Chez nous, quand tu veux,…tu viens
Le feu est vif, la table prête en un clin d'oeil
Et bien vite chaude la soupe au cerfeuil
Il y a toujours du bon pain
Et puis, surtout, on s'aime bien
LA SYMPHORINE
Viens, viens, jolie cousine
Allons cueillir la symphorine
Sous tes pieds mignons
Claqueront
Perles de nacre, jolis boutons,
Eh, quoi! Jolie cousine
Point ne te tente le jeu de symphorine
Hautaine et rêveuse
Tu détournes tes yeux bleus
Un jou, je sais, tu seras mariée
Adieu, adieu, jolie cousine
Je serai seul et clic et clac
Que claquemt en vrac
Jolies perles de symphorine
DEVINEZ QUOI?
Devinez quoi?
Il y en a tout un choix
Des roses, des vertes, des lilas,
A rayures, unies ou à pois
En satin, en lin, en moire,
Il les noue le matin
Et les dénoue le soir
Pour son anniversaire
Quelle affaire!
On n'est pas bien malin,
Ce sera une nouvelle, en satin
Et il est si charmant
Qu'il fera semblant
D'être content
NOTRE FACTEUR
C'est étonnant
C'est un facteur chantant
Par beau temps, on entend
Hello! Le soleil brille…brille…
Si tombe la pluie
C'est Gouttes Gouttelettes de pluie…
Mais lorsque gronde le vent
C'est V'là bon vent, v'là joli vent
Mais s'il me voit qui l'attends
A pleins poumons il s'écrie
Pour moi seule, la petite Marie,
Elle était si jolie…
Je l'aime tant, notre facteur chantant!
TES VOIX
Chant de l'alouette
Grillon dans l'hebe
Coucou me revoilà
Un orchestre!
Un merle, une grive,
Un ronron d'engoulevent
Cri de geai
Coups de marteau des pics
Ronron pointu des tourterelles
Flûtes pour les loriots
Abois rauques du brocard
Tireli, aubades,
Couettes
Hululements
J'AI DANS LA TÊTE
J'ai dans la tête un arbre
Empli de gazouillis, de chants d'oiseaux
Qui abrite tant de pinsonneaux
Que mon arbre lui-même
Chante dans le renouveau
J'ai dans la tête un cerisier
Tout gonflé de sève, de projets,
De rêves ébauchés,
J'ai dans la tête un peuplier
Aux feuilles frissonnantes
De mes colères démentes
Un peuplier tout tremblant
De mon angoisse immense
J'ai dans la tête un arbre mort
Aucune branche où accrocher
Ce qui reste de mes pensées
J'ai dans la tête un saule d'or
Pleurera-t-il un jour ma mort?
(Roumanie, septembre 1981)
JE FUS
Je fus l'enfant vibrante
Qui courait heletante dans la prairie
Je fus l'elfe rieur parmi les fleurs
Je fus l'enfant passionnée qui pleura sur l'herbe fauchée
Qui galopait sur un bel alezan noir
Un alezan de rêve à la crinière de soie
Je fus l'adolescente des soirs ardents
Dans l'herbe haute
Qui récitait Verlaine dans la plaine
Au loin, on l'appelait
Et elle chevauchait
Son cheval noir
Pour rentrer dans la maison tiède
Et personne ne devinait
Tous ces rêves qui la hantaient
(inachevé)
QUI CROIRE?
Il neige. Mon grand-frère dit:
C'est un phénomène naturel
Papa dit: Quel sale temps!
Maman dit: Quel merveilleux paysage!
Cousin curé dit: Ce sont sûrement les anges qui remuent leurs ailes
Marraine dit: La sainte Vierge secoue ses oreillers
Bon-Papa dit simplement et tristement:
C'est Bonne-Maman qui, là-haut, plume ses oies
TA VOIX
Comment va ton petit frère?
Bien, mieux, merci, c'est tout
Ce sont là les seuls mots que tu as prononcés
Mais moi j'ai tant rêvé
Tant et tant espéré
T'entendre de nouveau
Dire n'importe quoi, n'importe où,
N'importe quand
Et les ans ont passé
Sans jamais me donner
Le bonheur de ta voix.
OBÉISSANCE
Cette pomme, il faut la partager
Ce gâteau, il faut en donner la moitié,
Ce livre, il faut le prêter
Ce savoir, il faut le céder
Cette vie, il faut la donner
Mais cet amoir est à moi
A moi seule, à moi toute seule
Rien ne peut me le prendre
A moins de m'écraser, de me piétiner
De me marcher sur le coeur
Et, pourtant, on me l'a volé!
ESPOIR
Cher oiselet dans ma main tiède
Vas-tu mourir?
Dans tes yeux déjà rôde étrange
L'ombre démente
Ton bec haletant s'entrouvre
Et se referme
Plus ne battent tes ailes
A peine ton coeur
Oiselet, tu ressembles à mon amour
Qui t'a porté ce coup mortel?
Et je te réchauffe au creux de mes mains tièdes
Je voudrais tant que toi, au moins,
Tu ne meures point!
QUESTION
Ainsi donc s'en sont allées mes rêveries
Etrange mythe, quel néant!
Rien n'est plus comme avant
Tu ne seras à jamais plus le même
Hiver, été, hanteront mes jours blèmes
De froix anxieux de mes pensées
Dans ma tête à jamais fatiguée
Et si tu demandais: "Mais enfin, pourquoi?"
Je te dirais: "Pour rien!"
Et tout serait BIEN.
NOËL 1965
Comme elle a dû avoir de la peine
Quand l'hôtelière, cette vilaine,
Lui claqua sa porte au nez
Comme elle a dû avoir de la peine
Quand l'âne marchait dans la plaine
Fatigué…si fatigué
Comme elle a dû avoir de la peine
De n'avoir pas un peu de laine
Pour vêtir son nouveau né
Comme elle a dû avoir de la peine
De ne voir que du boeuf l'haleine
Pour réchauffer l'enfantelet
Comme elle a dû avoir de la peine
De n'avoir pas un lange frais
Pour l'envelopper
Comme elle doit être radieuse aujourd'hui
De voir tant d'enfants éblouis
N'avoir d'yeux que pour son petit!
VIE DE FEMME
Tôt levées, vite lavées
Equipées
Aube incertaine
Bas de laine
Mitaines
C'est le départ, on part
Ciel gris, pluie
Oh! Que j'aime la pluie
Marchandises, friandises
Déballage étalage
Patiemment attendons le client
Le voilà, il arrive
Commercial sourire
Le placier aussi arrive
De sa place
Il faut payer l'espace
Douze heures
De remballer c'est l'heure
En chemin, ne penser à rien
Compter ses pertes…
Et recommencer demain
Prix La vie au féminin, 5000 fr, 1990
DÉSILLUSION
Assise à sa fenêtre ouverte
Dans le cadre que lui faisait
Je ne sais quelle plante verte
Ma belle voisine cousait!
J'avançai, le coeur plein de flamme,
Au bout de mon balcon étroit
Et je dis à la jeune femme
D'un air timidement adroit:
Expliquez-moi donc, je vous prie,
Belle ouvrière aux fins doigts blancs,
Pour quel objet d'idolâtrie
Cousez-vous ces tissus troublants?
Est-ce par hasard pour les fées
Ou les nymphes qui jadis
Vinrent vous baptiser coiffées
De tous les dons du paradis?
Ou pour les lutins invisibles
Qui glissent des barbes des blés
Dans les manches trop accessibles
Des jeunes amoureux troublés
Serait-ce pour les coccinelles
Et sous vos rires musicaux
Découpez-vous leurs doubles ailes
Dans les rouges coquelicots?
Habillez-vous les hirondelles
Et les papillons diaprés
Chiffonneriez-vous des dentelles
Pour les demoiselles des prés?
Non, Monsieur, me dit avec charme
Celle qui troublait ma raison
Je suis la femme d'un gendarme
Et je luis fais un caleçon
J'ADORE
Une main d'enfant
Dans mes cheveux blancs
Les éventails de rides
Aux coins de mes yeux
Les deux lignes du nez au menton
Que tant de sourires ont tracées
La poitrine balconnante
Que me fait un joli soutien-gorge!
Mes membres frêles
Mes hanches resoudées
Mes genoux tremblotants
Ma démarche hésitante
Ma voix restée belle et claire
Mes yeux qui continuent de pétiller
de curiosité
Mes si chers mots croisés
Bref, à 84 ans, je m'adore!
Concours Dior, gagné un parfum J'adore, octobre 1999
COMMENT VIVRE SANS TOI
Comment vivre sans toi
Sans le souffle de ta présence
Dans cette maison lourde de ton absence
Comment sourire aux gens, à nos enfants,
Leur faire croire que je vis sans toi
Que, comme ils disent, je suis courageuse
Ce n'est pas vrai: je ne suis rien
Qu'un être sans moitié
Qui trouve les heures interminables
Puisqu'on ne nait ni ne meurt ensemble
Il faudra bien vivre sans toi
Ecrit après le décès de Papa
QUE SAIS-JE?
C'était le printemps
Et quand j'ai eu mes 18 ans
J'ai dit: Je sais, ça y est!
Je sais, l'amour, l'argent, les filles, les roses
Et aujourd'hui, les jours où je me retourne
Et regarde la terre où j'ai là même fait les cent pas
Je me dis que je ne sais toujours pas
Comment ça se fait qu'elle tourne
A 25 ans, je savais encore tout
L'amour, j'en avais fait le tour
Mais comme les copains
J'avais pas mangé tout mon pain
Au milieu de ma vie j'ai appris quelque chose
Le jour où on vous dit: "Je t'aime"
Il fait très, très beau
C'est encore ce qui m'étonne dans la vie
On oublie les soirs de tristesse
Mais pas les moments de tendresse
J'ai toute ma vie voulu dire: je sais
Et moins je savais
On ne sait rien, ni le jour, ni la nuit,
Ni le parfum des roses
Ni la vie, ni la mort. C'est tout.
Ecrit peu avant la disparition de mon mari
et inspiré d'un poème existant
POUR MOI SEULE
Pour moi seule j'ai revêtu ma robe douce
Ourlée de cygne caressant
Dans un vase d'opale
Frêle et rose et si pâle
Au milieu de la verte mousse
Distraite, j'ai cueilli un oeillet en passant
Et je l'ai mis à mon corsage blanc
Pour moi seule
Je sais que personne ne va venir
Voilà trois fois que l'heure sonne
Et je suis seule; et cela ne m'étonne
Pas du tout: je n'attends personne
Pourtant j'ai mis la robe qui me fait jolie
Pour moi, tout simplement
Je n'ai pas allumé les lumières
La lueur du foyer flotte confusément
Et dans les voiles bleus coulent des rayons mauves
C'est bon d'être jolie quand personne n'est là
Et qu'on sait que nul ne viendra
Je ne sais pas…Je ne sais pas…
Par les lumières allumées
Le doux charme s'est envolé
Qui m'enfermait dans l'ombre aimée
Et dans ma robe douce et claire
Ourlée de cygne caressant
Maintenant, j'ai beau regarder
Le miroir et me répéter:
Pour moi seule…pour moi seule…
Mes bras se tendent, pris d'un subtil désespoir
Parce que, tout cela, ce soir
Est pour moi seule
POUR MOI SEULE
Pour moi seule ce soir
J'ai garni de roses
Le vase de cristal qui fêtait
Mes seize ans
Et l'adieu à mon âme d'enfant
Pour moi seule
J'écoute religieusement
Un disque, entre tous choisi,
La Fille aux cheveux de lin, de Debussy
Pour moi seule
J'ai revêtu une robe d'antan
Dans le tiroir aux fanfreluches
Parmi mes tendres animaux de peluche
J'ai trouvé un ruban de satin blanc
Et j'en ai fait un col charmant
Pour moi seule
J'ai peigné longuement
Mes cheveux blonds et soyeux
J'ai ombré mes cils de bleu
Et nacré mes douces joues
Et rosi mes lèvres
C'est la nuit…Je rêve
J'interromps le disque brusquement
Je brise le vase
J'effeuille les pauvres roses
Je chiffonne le col de blanc satin
Pourquoi! Pourquoi!
Parce que tout cela, ce soir,
C'était pour moi seule!
Gagné premier prix, un voyage à Londres pour Fabienne Camby
AINSI DONC
Ainsi donc j'aurai clos tes yeux
Avant même qu'ils ne voient la lumière
J'aurai étouffé en mon sein
Ton tout premier appel
De mes mains criminelles
Petit enfant dont je n'ai pas voulu
Comme tant d'autres avant moi
Comme tant d'autres après moi
Qui aussi tourneront cette page infâme
Toutes frissonnantes
De cette odieuse délivrance
Oh! Dieu! Il faut faire un grand pas
Pour que les enfants roses
Voient le jour doré
Et que ceux dont on ne veut pas
Ne palpitent jamais
Ne fussent qu'un instant
Au coeur de leur maman!
1955 - Reçu félicitations de Elle
mais impossible de publier
COMPTINES
A quel prix achète-t-on un lion?
Et une fourmi?
À dix sous, à vingt sous, etc.
Le pinson a pondu
Quatre oeufs gris
Mais le coucou
Est venu
Cou…Cou
Entends-tu les cris de la pinsonnette?
Dans la maison de Louison
Il y a un grand chaudron
On y cuit du saucisson
De 20 cm de long
La petite aiguille
A dit à la grand aiguille
Grouille-toi ma fille
Pour arriver en même temps que moi
À 1 heure cinq, dix, etc.
À ma leçon de violon
J'ai appris 3 positions
1-2-3
Mon papa chéri
M'a apporté un joli chat siamois
Il mange de tout
Du mou , du chou et du chocolat
Mais le chocolat
C'est pour toi
Bon-papa fume lentement une longue pipe
La fumée bleue voile son doux visage
Moi je sais qu'il sourit derrière ce nuage gris
Mais à qui? A toi, à moi, dix fois, t'es pris!
A la foire aux canards
J'ai acheté un canard et un nénuphar
Aussitôt dans la mare
Le canard a mangé
Le né-nu-phar
Au revoir, Marie
Tu te maries
Chez nous, quelle affaire
Qui va faire la vaisselle
Achever la dentelle
Es-ce toi ou moi?
A la chasse à la bécasse
Mon grand frère a tué un plumier
Pourrais-je y ranger mon crayon
Mon stylo, mes cahiers?
POEMES POUR ENFANTS
C'EST DIMANCHE
C'est dimanche
Et Pervenche
A mis sa robe blanche
Elle danse, danse, danse
Que c'est joli de voir danser Pervenche
Elle chante, chante, chante,
Que c'est joli d'entendre Pervenche chanter
Dans sa robe blanche d'été
C'EST UN PETIT NUAGE
C'est un petit nuage
On lui a dit d'être bien sage
D'avoir bien du courage et de ne pas bouger
Pour ne pas changer ce beau ciel d'été
Il est resté longtemps, longtemps bien brave
Et brusquement est venu l'orage
Adieu, petit nuage, si brave
POUR MARTINE
Le petit chat dort
Son ventre gris
Doucement se soulève
Martine le voit et dit
Pourquoi le petit chat
Ne me regarde-t-il pas?
Ne vois-tu pas que le petit chat dort?
Si, mais moi quand je dors
Parfois je vois encore
Martine (6 ans) à sa Maman:
Ôte vite ce cheveu blanc
Il fait mal à ton petit enfant
Mal, si mal…
Ôte vite ce cheveu blanc
Avant qu'il n'y en ait cent!
LE MILLE-PATTES
Le mille-pattes
A mal à une patte
Hé oui!
Alors le mille-pattes
Qui ne peut trotter
Que sur neuf-cent-nonante-neuf pattes
Maudit le ciel et l'univers
D'avoir tant de pattes
Et mal, si mal,
et à…une seule patte!
L'ARAIGNEE
Désarticule ses pattes velues
Meut son corps bulbeux
Monte, monte au plafond blanc
Se tapit dans l'angle
Puis reprend sa ballade lentement
Araignée noire, murs blancs,
Tourments
Cette araignée défie mes pensées exacerbées
Et monte comme mes pensées insensées
LA MOUCHE
Tout m'effarouche
Je suis la mouche
Dans mon corsage
De mouche sage
Je tremble, tire ta main
Petit vilain
LE HÉRISSON
Hé! Chauffard!
Regarde, tu as écrasé,
Morcelé, déchiré, ensanglanté,
Ecartelé un hérisson…
Qui voulait seulement te dépasser
LA SOURIS
Do, ré, mi
La souris
Mi, fa, sol
Dégringole
La, si, do
Sur le dos
De l'ennui
Oui, oui, oui
LE CROCODILE
De la petite Odile
Fait la file
Pour avoir quoi?
Du cho-co-lat
LE COUCOU
Moi, le coucou, faire un nid!
Fi! Fi! Fi!
Je préfère pondre mes oeufs
Là où je veux!
LA PUCE
Jadis on me faisait sauter
C'était là joli métier
Pour une puce
Et souveraines et rois et gentes dames
Se penchaient et riaient
De voir ainsi sauter une puce
Aujourd'hui
On ne regarde plus sauter les puces
On regarde…les poux du ciel
Et moi, la puce, alors quoi…
Regarde…Prends garde
A ton oreille!
Je viens juste de sauter…
LA TORTUE
La tortue, cette pauvrette,
A coup de cou fait la grimpette
Jusqu'au potager
Et compte se régaler
Du coeur de dame laitue
Alors…elle s'évertue
Mais, la laitue,
Pas si mauviette
A fermé à clef sa collerette
VOILÀ DES CLOCHES POUR LES ANIMAUX
Ding, dong, dong - dit le dindon
Les voici les cloches joyeuses!
Y en aura-t-il pour nous? - dit le hibou
Pourquoi pas - dit le chat
J'aimerais tant des petits amis - dit la souris
Moi, du chocolat - dit le gros rat
Des cuberdons pour moi - dit le mouton
Moi, des dés de lard - dit le renard
De la guimauve - ont murmuré les fauves
De la glace - fit la girafe
Des biscuits, des biscuits - a dit le ouistiti
C'était jour de Pâques et d'allégresse
Et chacun ce jour-là
S'en retourna avec un bout de chocolat
LE CRESSON
Le bon cresson
Ecoute la chanson
De la grenouille
Ouille, ouille, ouille
Elle n'est pas dans le ton
Si on lui achetait un mirliton?
LA FRISÉE
Au coeur d'une salade
Frissonnante et frisée
Belle comme une orchidée
Il y a un ouistiti
Qui dit: Coucou, me voici!
L'ONCLE ÉDOUARD
L'oncle Edouard
Adore les épinards
La tante Valentine
Lui ouvre une boîte de sardines
Tant pis pour lui,
Il n'avait qu'à ne pas rentrer si tard
GERTRUDE
Ma cousine Gertrude
Est si prude
Aussi ne la voit-on pas
Même pas, respirer le lilas
LE FUNAMBULE
Le funambule
Déambule
Sans préambule
Dans une bulle de savon
Sur mon blanc plafond
Et tourne en rond
UN VENDREDI
Un vendredi, un céléri
A dit à un radis
Pour qui…tu rougis…?
Bien sûr pour mon mari!
VENDREDI
C'est vendredi
On va manger du riz
Et du poisson
Tu aimes, toi, le poisson?
Avec beaucoup de jus de citron
Parfois, c'est bon!
LA GIROUETTE
Sur mon toit
La girouette
Cette coquette
Veut attirer
Tous les choux du potager
Et tu devrais voir
Comme ils lèvent le nez
LE PETIT OIGNON
Il est tout perdu, le petit oignon
Dans le bocal plein de cornichons
Qui lui sert de maison
Il voudrait que tous les cornichons
Pleurent, pleurent sans raison
Mais…ils sont forts les cornichons
Et dans le bocal, tout seul, tout mignon,
Il pleure le petit oignon…
LA TOMATE
Dame tomate est écarlate
Qui dira ce que lui a dit
Ce grand diable de céléri
ROUDOUDOU
Un jour est entré chez nous
Un gros chat roux
On l'a baptisé Roudoudou
On lui a fait un gros coussin
Dans un panier d'osier fin
Mais le soir…Benoit a dit
Que ce chat était à lui
Et il est reparti
Emportant panier, coussin, chat
Et tout ça sans dire merci
Mais, gare à lui!
MISTIGRI
Mamy a mis dans un panier gris
Mistrigri, mais il lui faut
un coussin rond
Pour faire son ron-ron
L'ABEILLE
Zou zou zou
Ma chanson, mon circuit
Englué de miel frais
Cherche du lard
Pour y piquer mon dard
LE MOUSTIQUE
On t'a dit que je pique
Tic tac tic
Mais où mettrais-je
Dans mon corps si frêle
Ton sang si lourd
LA TOURTERELLE
Il y a la gazelle aussi
Mais moi je suis si belle
Avec mes ailes de dentelle
Que je vais droit au paradis
Et que j'en sors
Et me voici
LE POISSON ROUGE
Le poisson rouge manque d'air et de mer
Ah! Si je pouvais jeter dans la mer
Tous les poissons rouges de la terre!
LE CHAGRIN
Je suis Lucien
J'ai bien du chagrin
Car Renaud m'a dit un vilain mot
"Il fallait lui répondre", ont dit à la fois
Anne-Lise, Louise et François
Mais voilà, des vilains mots, je n'en sais pas
Je crois que je vais en parler à Papa
MAMAN J'AIME
J'aime quand tu sens bon
J'aime quand tu ris
J'aime quand tu chantes
Mais, surtout, quand tu racontes
Une belle histoire qui finit bien
J'aime aussi quand tu fais
Des gâteaux tout dorés, tout ronds
Quand tes yeux se mouillent
Lorsque j'ai dit un mot drôle
Je t'aime pour tant d'autres choses
Maman! Je t'aime, tout simplement.
POÈMES SANS TITRE
Elles tremblent, les feuilles du peuplier
Quelle est donc leur angoisse
Est-ce de tomber mortes sur le sentier
En ce beau soir d'automne
Et de ne pas mourir
Mais de rester fidèles et attachées, toutes recroquevillées?
Je suis fille de lumière
Et pourtant tout soleil tisse l'ombre
Mais gaie dans le matin clair
Je deviens dans le soir si sombre
Et reçois dans mon coeur
Tous mes soucis sans nombre
J'ai cueillis du myosotis
Car c'est la fleur que je préfère
Qu'il soit bleu ou même gris
Il met joie dans mon logis
Prends ce bouquet plein de mystère
Ecoute la voix de la terre
Mon coeur nourrira l'herbe verte
Que je vous supplie de laisser pousser
Je l'aurai dans ma vie tant aimée
Je t'aime dans le temps, le vent, l'ouragan,
Le matin blême, le midi des cieux, le ciel orageux,
Dans la nuit tiède, dans le jour inquiet,
A jamais, dans tes cendres éparpillées…à jamais.
Recopiés par Martine en 2021
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